Toile peinte

"La délivrance de Saint-Pierre par l'ange"

de Jean-Marie FAVERJON


Textes

1954. Jacques FESCH est un « fils à papa » de 24 ans quand il braque, pour s’offrir le bateau de ses rêves, un changeur du quartier de la Bourse à Paris.
Dans sa fuite, il blesse mortellement un policier avant d’être arrêté. En prison, il a soudainement la révélation de Dieu. Il tient un journal destiné à sa fille de 6 ans.
Condamné à la peine de mort, il est guillotiné en 1957.
1987. Le Cardinal LUSTIGER frappé par l’exemple de cette conversion, ouvre la procédure d’une béatification. Depuis 1993, Jacques FESCH est déclaré serviteur de Dieu par l’église catholique et le devient de fait pour les fidèles.

Jacques FESCH « Journal de prison »

Joie, joie, joie, et grâces soient rendues à Dieu.
Depuis trois jours j’ai de nouveau la foi.
Non pas qu’elle ne m’ait jamais quitté entièrement, mais avec le temps et les épreuves, elle s’était confortablement installée dans une tiédeur. Pour la deuxième fois dans ma vie les écailles me tombent des paupières et je connais à nouveau combien le Seigneur est doux.
Il faut bien sûr que je te raconte auparavant comment j’ai trouvé le Christ pour la première fois.
C’était un soir dans ma cellule, il y a de ça bientôt trois ans.
Malgré toutes les catastrophes qui s’étaient abattues sur ma tête depuis quelques mois, je restais athée convaincu et même essayais par amusement de convertir mon avocat à la négation de toute vie de l’esprit hors du corps.

Or ce soir-là j’étais dans mon lit,
les yeux ouverts et je souffrais réellement pour la première fois de ma vie avec une intensité rare,
de ce qui m’avait été révélé touchant certaines choses de famille et c’est alors qu’un cri jaillit de ma poitrine, un appel au secours :
« Mon Dieu » et instantanément, comme un vent violent qui passe sans qu’on sache d’où il vient, l’esprit du Seigneur me prit à la gorge.
Ce n’est pas une image, on a réellement la sensation que la gorge se resserre ; et qu’un esprit rentre en soi, trop fort pour l’enveloppe qui le reçoit.
C’est une impression de force infinie et de douceur qu’on ne pourrait supporter trop longtemps.
Et à partir de ce moment-là, j’ai cru, avec une conviction inébranlable qui ne m’a pas quitté depuis.

Mais comme tout cela est dur à comprendre !
Qu’on me rejette brutalement dans la vie avec toutes ses tentations et ses douceurs et il est certain que je serais troublé au point de ne plus voir ce que je discerne maintenant.
On ne peut réellement trouver Dieu que par une recherche de tous les instants et le mépris de tout ce que notre corps désire.
Plus la souffrance s’empare d’un être, plus son âme angoissée appelle au secours, et plus le Seigneur est prompt à répondre et à consoler.