Toile peinte

"La délivrance de Saint-Pierre par l'ange"

de Jean-Marie FAVERJON


Textes

L’Abbé Maurice ZUNDEL, une des plus puissantes personnalités chrétiennes du XXe siècle, une sorte de génie spirituel, fût invité par Paul VI à prêcher les exercices spirituels du Vatican en février 1972, ce texte en est un extrait.

Maurice ZUNDEL « une inviolable capacité d’infini »

Si l’Evangile doit pénétrer jusqu’à la racine de l’être, pour susciter un homme nouveau.

Il s’agit de montrer, selon la vérité, que rien n’est plus cher à Dieu que notre liberté et qu’elle ne trouve qu’en Lui sons sens et sa plénitude. Et surtout, que devenir libre et le rencontrer est une seule et même chose.

Car notre moi authentique ne surgit que dans cette relation avec Lui, qui nous fait passer du dehors au-dedans, des ténèbres à la lumière et de la mort à la vie.

C’est ce que Sainte Catherine de Sienne nous rappelle dans « le Dialogue » où il est donné comme une parole qu’elle a reçue de Dieu : « Je ne veux pas violer les droits de votre liberté. Mais dès que vous le désirez, moi-même je vous transforme en moi et je vous fais un avec moi. »

La révolution qui doit changer le monde commence par soi-même.

On ne peut, en effet, rien libérer si l’on ne se libère pas de soi, puisqu’on introduira forcément dans l’action en apparence la plus justement motivée tout ce que l’on porte en soi de servitudes internes non surmontées.

Notre appétit de grandeur, notre besoin de nous faire valoir ne pourraient que s’égarer dans un orgueil démesuré et dans une rivalité toujours insatisfaite, auxquels ne pourrait faire contrepoids une humilité refoulée et rabougrie – qui est peut-être l’orgueil de l’impuissance – si nous ne rencontrions pas, dans les relations au sein de la Trinité Divine, la désappropriation absolue qui nous offre le modèle incomparable de notre propre libération.

Nous pouvons vérifier, à chaque instant, l’impossibilité d’atteindre à un moi vraiment originel, sans réaliser ce dépouillement où l’on passe du donné que l’on subit au don qui le transforme en rayonnement.

Nous sommes là au cœur du Christianisme.
Car enfin ce que Notre Seigneur accomplit dans Sa Passion, c’est précisément d’affirmer devant Dieu l’égalité de l’homme et de Dieu.

Si Dieu donne Sa Vie pour l’homme, s’il ne veut le reconquérir qu’à ce prix,
c’est que pour Lui l’homme égale Dieu Lui-même.

Réalisons-nous vraiment, quand nous regardons la Croix, cette équation sanglante : Pour Dieu, l’Homme égale Dieu ?

Réalisons-nous que Dieu s’est engagé jusqu’à la mort pour ne pas nous contraindre, pour nous faire découvrir notre liberté et l’accomplir,
pour être en nous le ferment de notre libération ?