La Nuit
des Eglises

2.Nouveau Testament

Et voici l’époque où se situe la naissance de Celui qui a partagé l’histoire en deux.

Quelques temps après le début de la vie publique du Christ, Matthieu 16, 21-25, relate la Première annonce de la Passion :
« A dater de ce jour, Jésus commença de montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem,
y souffrir beaucoup de la part des anciens,
des grands prêtres et des scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter.
Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner en disant :
« Dieu t’en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t’arrivera point ! »
Mais lui se retournant, dit à Pierre :
« Passe derrière moi, Satan ! Tu me fais obstacle,
car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celle des hommes ! »
Alors Jésus dit à ses disciples :
« Si quelqu’un veut venir à ma suite,
qu’il se renie lui-même,
qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.
Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais
qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera. »

En appelant Pierre Satan, Jésus veut réellement lui faire comprendre qu’il faisait, dans ce moment, l’œuvre du tentateur.
Satan signifie l’adversaire, celui qui résiste.
Le sauveur avait besoin de toute sa sainte résolution et de toute sa force pour renoncer à lui-même
et aller au devant de ses souffrances ;

Et Pierre lui présentait la même tentation que Satan au désert en lui offrant les royaumes du monde et leur gloire.

Et nous arrivons à la troisième annonce de la Passion, Matthieu 20,18-19 :
« Prenant avec lui les Douze, il leur dit :
« Voici que nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes au sujet du Fils de l’homme va s’accomplir. Car il sera livré aux païens, il sera raillé, insulté, il sera couvert de crachats, et après l’avoir flagellé on le fera mourir, et le troisième jour il ressuscitera. »
Mais eux ne comprirent rien de tout cela. »

Puis, après son arrestation, Jésus est amené devant Pilate
et sous la pression de la foule haranguée par les grands prêtres et les anciens,
il livre Jésus pour le faire flagellé et le crucifié.

La suite se trouve dans Matthieu 27, 27-31 :
« Alors les soldats du gouverneur prirent avec eux Jésus dans le Prétoire
et ameutèrent sur lui toute cohorte.
L’ayant dévêtu, ils lui mirent une chlamyde écarlate (Manteau de soldat romain),
puis, ayant tressé une Couronne avec des Epines, ils la placèrent sur sa tête, avec un roseau dans sa main droite. Et, s’agenouillant devant lui, ils se moquèrent de lui en disant :
« Salut, roi des Juifs ! »
et crachant sur lui, ils prenaient le roseau et en frappaient sa tête. Puis quand ils se furent moqués de lui, ils lui ôtèrent la chlamyde, lui remirent ses vêtements et l’emmenèrent pour le crucifier. »

3.Les empereurs de Constantinople

C’est en 326 que la pieuse impératrice Hélène, lors d’un pèlerinage, entreprit des fouilles et découvrit « les trois Croix, les clous, la Couronne, la lance, l’éponge et le roseau »

La première mention de la présence de la couronne d’épines à Jérusalem se trouve dans une lettre que Paulin de NOLE, évêque et poète, adresse en 409 à MACAIRE, lui-même évêque de Jérusalem.

Par ailleurs, CASSIODORE, politique et écrivain latin, donne une description de Jérusalem au VIe siècle :
« Ici on peut voir la couronne d’épines qui fut placée sur la tête de notre seigneur et sauveur,
afin dit-il que tous les aiguillons du monde soient cassés ensemble ».

Bientôt les reliques sont exposées à la vue des pèlerins comme l’écrit l’archidiacre THEODOSE vers 530 :
« Il y a ici, au milieu de la basilique du Mont Sion, la couronne d’épines
dont le seigneur a été couronné devant les juifs,
les pèlerins mettent la main dessus et la touchent »

Vers la fin du VIIIe siècle l’empereur d’Orient
Constantin VI demande l’aide de Charlemagne pour reprendre le contrôle de la Ville Sainte.
En remerciements de son intervention il le presse d’accepter de précieux cadeaux.
Après beaucoup d’insistance Charlemagne se décide à « ouvrir son cœur » et à demander quelques reliques de la Passion.
Ainsi un fragment du cercle de la Couronne d’épines lui sera donné.
A cette occasion et lors du retour en France, plusieurs miracles sont relatés.
Charlemagne déposera ses reliques à Aix-la-Chapelle,
mais ensuite, Charles le Chauve les fait transférer à Saint Denis.

L’invasion perse en Syrie interrompt une période de calme relative pour Jérusalem.
Pourtant, les sources font état d’un grand respect de la part des Musulmans à l’égard des lieux de cultes chrétiens, et d’une totale sécurité pour les trésors de la cité.

Selon l’empereur byzantin,
Constantin VII PORPHYROGENETE, elle aurait été portée à Constantinople à l’un des rares moments où les lieux saints se retrouvent aux mains des grecs.

Elle est installée dans la Chapelle du Palais Impérial dénommée
« La Chapelle Palatine de la Vierge du phare ».

En 1200, MITROFAN, archevêque de Novgorod donne la liste complète des reliques :
« dans le Palais d’Or Impérial se trouve : la Sainte Croix, la Couronne, l’Eponge, les Clous, le Sang ; et outre cela : le Manteau de pourpre, la Lance, le Bâton… »

Les sources concordent pour le lieu où est conservée la relique.
Mais il n’en va pas de même de sa description matérielle.

Le diacre Nicolas MESARITA, gardien du trésor de la Chapelle Palatine,
rédige un inventaire des reliques conservées, la couronne d’épines est citée en premier lieu :
« La couronne d’épines encore verdoyante et fleurie, est demeurée intacte car, ayant touchée la tête du Christ souverain ; elle n’est pas rude d’aspect, ni blessante, ni pénible au contact, mais on la voit couverte de belles fleurs et, s’il on obtient de la toucher, elle n’est que souplesse et douceur… »

Dans un tout autre contexte, le croisé Robert de CLARI,
donne en 1204 la description de la couronne d’épines :
« Ici se trouve la couronne bénie, dont Il fut couronné, qui est faite de joncs marins aussi piquants comme pointes de fer »
Cette différence peut être attribuée au fait que, outre le cercle de joncs, on conserve à Constantinople des épines de zizyphus, lesquelles, probablement,
avaient été détachées du cercle originel, sur lequel elles étaient fixées.